Association AVEC

CAVAILLON

Le Diagnostic

Tout d’abord notre association est satisfaite de constater la prise en compte dans le diagnostic de la gravité de la détérioration de la biodiversité et du climat. Nous sommes également d’accord avec les enjeux cités concernant la qualité de l’air et de l’eau encore que le diagnostic concernant la qualité de l’air nous semble incomplet et imprécis. Ceux concernant la conservation des terres agricoles ainsi que de leur fertilité ne sont pas assez évoqués et pris en compte.

Les objectifs et leur mise en œuvre

Nous partageons la liste des sujets prioritaires à traiter même si nous souhaitons la compléter.

1. Le logement.
Nous sommes en accord avec les politiques d’isolation. Pour ce qui est de l’électrification des systèmes de chauffage des logements, nous souhaitons toutefois attirer l’attention sur l’impasse que représente le photovoltaïque solaire pour les foyers en précarité énergétique. Cette politique menée depuis quelques années déjà montre que cette alternative ne répond pas aux besoins de tous, surtout à ceux des foyers les plus modestes.
Aussi nous préconisons le développement de l’énergie solaire thermique. Cela concerne toutes les techniques permettant de capturer l’énergie solaire au sein d’un bâtiment : vérandas, baies vitrées ou serres peuvent être installées.
Les avantages, par rapport au photovoltaïque, sont les suivants :
• Une adhésion plus facile des foyers à s’équiper de ce type de structure moins contraignante et complexe
• Une potentielle valorisation de leur bien immobilier
• Un confort de vie nettement amélioré avec des pièces plus lumineuses
• Un investissement moins important
• Pas de problème de recyclage ni de maintenance
Une telle mesure peut être déployée plus facilement, plus rapidement et à faible coût dans un territoire et permettre pour les foyers équipés une réduction de 20% minimum de leur facture de chauffage ; leur redonnant immédiatement du pouvoir d’achat et ce, en faisant appel à des producteurs français. Il est enfin possible de développer les systèmes de chauffe-eau solaire tout à fait adaptés à notre climat.
Ainsi, l’installation de système de capture de la chaleur solaire est bien plus efficace dans son déploiement et dans son entretien que la solution photovoltaïque.

2. La mobilité au quotidien.
Cette préoccupation n’est malheureusement que peu étayée de propositions ou de solutions. Comme le montre le diagnostic, notre territoire est fortement dépendant aux déplacements unipersonnels en véhicules individuels. Les infrastructures de notre territoire ne sont pas à la hauteur pour provoquer des changements de comportement des habitants.

Au sujet des transports en commun, le réseau doit être encore agrandi (notamment les bus) pour permettre aux zones périurbaines de bénéficier de ces services. En parallèle, renforcer la communication sur l’existence de ces infrastructures et leur avantage est essentiel.

Le vélo, quant à lui, reste un mode de déplacement trop dangereux sur le territoire du SCOT. L’Association AVEC demande avec insistance depuis plusieurs années la mise en place de bandes cyclables sécurisées et continues et clairement signalées, l’extension des zones de limitation de vitesse à 30 km/h, des solutions pour garer les vélos. C’est tout cela qui pourrait permettre au plus grand nombre de prendre le vélo pour se rendre à l’école comme au travail.

Par ailleurs, avec l’apparition des micro-véhicules à assistance électrique, notre territoire doit s’adapter pour avantager ces solutions de déplacement. Le ratio d’économie d’énergie pour le même service et le même usage entre un véhicule thermique et une trottinette électrique est supérieur à 1000.

3. La production d’énergie renouvelable locale
Concernant le solaire photovoltaïque, les objectifs proposés sont ambitieux, mais inatteignables en raison des difficultés techniques d’installation qui réduisent considérablement le nombre de logements pouvant être équipés, quand bien même les habitants de ces logements seraient intéressés.
Nous sommes en compensation favorable au photovoltaïque agricole (dans les champs et sur les hangars). Les opportunités de cette technologie sont prometteuses, car, si cela est bien fait, les productions agricoles se retrouvent avantagées par la présence et la protection des infrastructures photovoltaïques permettant une linéarité de production, et/ou une augmentation de rentabilité ou de production.

Nous sommes peu favorables à l’utilisation de l’énergie du bois, émettrice de CO2, alors que l’objectif reste sa diminution dans l’atmosphère. La création d’une filière bois où des plantations homogènes sont mises en place dans le but de brûler le bois présente in fine, en cas de crise, un danger pour les forêts, leur biocapacité et leur biodiversité. Cela peut éventuellement être une option s’il s’agit d’utiliser des déchets et des résidus existants. Nous rappelons cependant que la meilleure solution de séquestration du carbone aujourd’hui réside dans l’accumulation du carbone dans les sols agricoles (améliorant leur fertilité, leur résilience et leur stabilité) et non dans leur utilisation comme combustible.

Le potentiel de production hydroélectrique nous semble sous-estimé faute de négliger l’hydro-électricité au fil de l’eau (celle de nos anciens moulins) qui, certes, est une solution plus locale qu’industrielle, moins rentable sur de gros volumes de production, mais qui apporte une pilotabilité et une résilience bien plus importantes. Rappelons que nos anciens avaient parsemé la Sorgue de leurs moulins, faisant de notre région une force industrielle grâce à cette énergie exploitée de l’eau. Ce potentiel-là aujourd’hui n’est pas utilisé.

4. La place de l’agriculture
Il manque au PCAET une réflexion sur la conservation des terres agricoles et de leur fertilité d’autant qu’il y va de la souveraineté alimentaire de notre territoire.
Produire localement tout ce qui peut l’être évite des transports longs et coûteux par camions, avec leur cortège de pollutions et de CO² préjudiciables à la planète.
Le Vaucluse est un département qui présente une grande diversité agricole. Nous y trouvons tous types de sols, de climats, permettant des productions variées (fruits, légumes, poules, brebis, poissons) et une capacité de transformation et de valorisation importante. Une réflexion sur les objectifs et la réorganisation de la production agricole locale doit être menée.

Rien de précis également en ce qui concerne la limitation de l’étalement urbain, indispensable à la préservation de l’espace agricole encore disponible. Nécessaire aussi pour diminuer les coûts écologiques des déplacements et des réseaux.

Le SCOT n’affiche pas assez clairement que la lutte contre le dérèglement climatique passe par le renouveau des pratiques agricoles : il s’agit de se tourner vers des pratiques plus respectueuses des sols, usant le moins possible de produits polluants. Cela veut dire une agriculture en lien étroit avec les marchés locaux et la restauration collective. Cela ne peut se faire sans une valorisation des métiers agricoles et de leur production.

5. La séquestration du carbone, les déchets
Les manières de capturer et de séquestrer le CO2 sont minimes : soit par procédé industriel (très énergivore et peu efficace), soit par la photosynthèse. Nous ne pouvons pas gâcher le travail de la photosynthèse en brûlant tout simplement les déchets verts. Le carbone est une source vitale d’énergie pour les sols et l’agriculture, permettant de sortir de l’agriculture industrielle chimique. Pour cela, une industrie du « carbone frais » doit être mise en place. Nous devons produire localement la matière organique, la traiter, la transformer et l’épandre dans les champs : la matière organique et le bois doivent retourner aux champs pour boucler le cycle du Carbone. Ce changement de système est fondamental pour l’évolution de notre société.

Concernant les déchets organiques, les solutions de méthanisation de ces déchets comme de transformation de ceux-ci en produits de compostage ne sont pas évoquées.

6. La qualité de l’air
Il s’agit du Plan Climat Air Énergie Territorial. La question de la qualité de l’air est très largement éludée. Le diagnostic n’évoque pas les chiffres de l’observatoire de la qualité de l’air de PACA qui montrent que la région de Cavaillon est, de toute la région PACA, la zone la plus polluée par les herbicides et fongicides. Et l’on ne sait pas quelle est la part des camions dans les rejets de CO² dans l’atmosphère qui, compte tenu de la présence de l’autoroute et la part de la logistique, doit être très forte.
Cela aurait nécessité dans ce domaine des objectifs beaucoup plus ambitieux et systémiques et une réorganisation en profondeur des objectifs économiques locaux stoppant le développement des activités les plus polluantes (agriculture productiviste, logistique) et organisant leur réorientation vers des activités plus adaptées aux exigences de la lutte contre le dérèglement climatique.

7. Mobiliser les citoyens
Bien sûr, il est essentiel, face aux enjeux décisifs qui nous attendent, de mobiliser les citoyens et, des associations comme la nôtre, peuvent jouer un rôle important. Des années d’engagement associatif et de réflexion nous ont permis de développer une certaine expertise dans ces domaines, expertise sur laquelle le SCOT, les communautés de communes et les mairies pourraient davantage s’appuyer, notamment en sollicitant la participation des associations en amont de la rédaction des projets et en les associant à leur mise en oeuvre. Cela serait un gain de temps et d’efficacité pour tous, et pour le climat.

Par ailleurs, nous nous permettons de relever que cet objectif affiché ne correspond pas, aujourd’hui, à la réalité : avant de mobiliser les citoyens, il faudrait déjà que les citoyens mobilisés soient écoutés. Lors des réunions publiques autour du PCAET, ce fut le cas, et nous avons apprécié cet espace d’échange avec les responsables politiques. Mais les exemples sont nombreux où des associations ne reçoivent même pas de réponse lorsqu’elles prennent contact avec des élus.

Pour finir, la mobilisation des citoyens, avec pour objectifs de sensibiliser, émouvoir, rassembler et mettre en action, doit s’appuyer sur la communication et l’éducation. Il est essentiel aujourd’hui de mettre en place des campagnes d’information pour éduquer à la problématique du Climat, aux enjeux et aux solutions. Cela peut passer par des ateliers de sensibilisation, des campagnes d’affichage, et tous les moyens de communication disponibles sous-utilisés pour cette thématique vitale (journaux municipaux et communautaires, sites internet,…). Des projets pourraient être proposés par les communautés de communes aux écoles, centres sociaux, habitants,… L’ensemble de la population ne pourra adhérer au projet que si elle est consciente des enjeux et se sent impliquée et actrice dans les changements nécessaires à notre avenir collectif.